viennent leur dire que Norandin s’est déjà rendu sur la place où a lieu la fête, pour voir rompre les lances. Sans plus de retard, ils vont eux-mêmes à la ville, et, sui- vant la rue principale, ils parviennent à la grande place, où un grand nombre de chevaliers renommés, divisés en deux troupes, attendent que le roi donne le signal. Les prix qui doivent être distribués en ce jour au vainqueur consistent en une épée et une masse richement ornées, et en un destrier digne de la munifi- cence d’un prince tel que Norandin. Convaincu que Griffon le Blanc doit gagner le prix de cette seconde joute, comme il a gagné celui de la première, et que l’honneur des deux journées lui reviendra, voulant profiter de cette occasion pour lui offrir une récompense à la hauteur de son mérite, Norandin a fait ajouter aux armes formant le prix du premier tournoi, une épée, une masse et un destrier magni- fique. Les armes qui, dans la précédente joute, devaient échoir à Griffon, vainqueur de tous ses adversaires, et que Martan avait usurpées en se faisant passer pour Griffon, avaient été suspen- dues, par ordre du roi, devant son estrade, avec l’épée riche- ment ornée. La masse pendait à l’arçon du destrier. Tout cela devait être donné en prix à Griffon. Mais ses intentions ne furent pas remplies, grâce à la ma- gnanime guerrière qui venait d’arriver sur la place avec Astol- phe et le brave Sansonnet. Celle-ci, apercevant les armes dont je viens de vous parler, les reconnut aussitôt. Elle les avait en effet possédées jadis, et elle en faisait grand cas, comme d’une chose excellente et rare. Cependant elle les avait un jour laissées sur la route, parce qu’elles l’empêchaient de courir après Brunel, ce larron digne de la corde, qui lui avait ravi sa bonne épée. Je ne crois pas avoir – 373 –