rigèrent vers la Pouille, où j’ai entendu dire qu’ils bâtirent dans la suite la ville de Tarente, sur le bord de la mer. » Les femmes, se voyant trahies par leurs amants en qui el- les avaient la plus grande confiance, restèrent plusieurs jours dans un tel état d’abattement, qu’elles ressemblaient à des sta- tues immobiles sur le rivage. Comprenant enfin que les cris et les larmes ne leur étaient d’aucun secours, elles commencèrent à songer comment elles sortiraient d’une si malheureuse situa- tion. » Au milieu d’avis fort divers, quelques-unes disaient qu’il fallait retourner en Crète, et se soumettre au jugement sévère de leurs pères et de leurs maris outragés, plutôt que de périr de misère et de faim sur ces bords déserts et dans ces bois sauva- ges. D’autres disaient que, plutôt que de faire cela, il vaudrait mieux se précipiter dans la mer ; » Et que ce serait un moindre mal d’errer par le monde en courtisanes, ou comme mendiantes et esclaves, que d’aller s’offrir elles-mêmes aux justes châtiments que méritait leur conduite coupable. C’est ainsi que les infortunées ne savaient à quoi se résoudre, trouvant toutes les résolutions aussi dures, aussi pénibles les unes que les autres. Enfin une d’elles, nom- mée Orontée, et qui tirait son origine de Minos, se leva. » Elle était la plus jeune, la plus belle et la plus aimable de toutes celles qui avaient été amenées là. Elle avait aimé Pha- lante à qui elle s’était donnée pucelle, et pour lequel elle avait abandonné son père. Son visage et son accent révélaient l’indignation dont son cœur magnanime était enflammé. Re- poussant les propositions de ses compagnes, elle fit prévaloir la sienne. » Elle fut d’avis qu’il ne fallait pas quitter cette terre dont elles avaient reconnu la fécondité et la salubrité ; qui était arro- – 418 –