sée de fleuves aux eaux limpides, couverte de forêts épaisses, et dont la plus grande partie était en plaine. De plus, elle abondait en ports et en rades naturelles où les étrangers qui transpor- taient entre l’Afrique et l’Égypte les divers produits nécessaires à la vie, pouvaient trouver un asile sûr contre les mauvais temps. » Il fallait, d’après elle, s’y fixer et tirer vengeance du sexe viril qui les avait si fort outragées. Elle proposa de mettre à sac, à feu et à sang tout navire que les vents contraindraient à relâ- cher dans leur port, et que pas un seul homme de l’équipage n’aurait la vie sauve. Ainsi fut proposée, ainsi fut acceptée et mise en usage cette loi inhumaine. » Dès qu’elles sentaient approcher la tempête, les femmes couraient en armes sur le bord de la mer, conduites par l’implacable Orontée qui leur avait donné des lois et était deve- nue leur reine. Elles brûlaient et pillaient les navires poussés sur leurs rivages, ne laissant pas un homme vivant, qui pût en por- ter la nouvelle quelque part. » Elles vécurent ainsi seules pendant quelques années, en- nemies acharnées du sexe masculin. Mais elles finirent par s’apercevoir que, si elles ne changeaient pas de manière de pro- céder, elles prépareraient leur propre ruine. En effet, en ne se créant point une postérité, elles arriveraient infailliblement à voir dans peu de temps leur loi devenir inutile dans leur infé- cond royaume, alors qu’elles voulaient au contraire la rendre éternelle. » Aussi, modérant un peu leur rigueur, elles choisirent, pendant un espace de quatre années, dix hommes les plus beaux et les plus vigoureux parmi ceux qu’elles capturèrent, et qu’elles jugèrent aptes à soutenir la joute amoureuse contre cent fem- mes qu’elles étaient. Un mari fut établi pour servir à dix d’entre elles. – 419 –