femmes qui faisaient partie du Conseil, qu’elle fit repousser l’opinion des vieilles qui, ainsi qu’Artémise, voulaient appliquer l’ancienne loi. Il s’en fallut même de peu qu’Elban fût délivré sans subir d’épreuve. » En somme, on convint de lui faire grâce, mais après qu’il aurait tué en champ clos les dix champions, et qu’il aurait triomphé, dans un assaut d’un autre genre, de dix femmes, se- lon la coutume, et non de cent. Le lendemain il fut tiré de pri- son ; on lui donna à choisir des armes et un cheval, et on le mit seul en présence de dix guerriers. Il les tua tous sur place l’un après l’autre. » La nuit suivante, il subit, seul et nu, l’épreuve des dix donzelles, et son audace eut un tel succès, qu’il put faire l’essai de toutes les dix. Cette prouesse lui acquit tellement les faveurs d’Orontée, qu’elle le prit pour gendre et lui donna Alexandra, ainsi que les neuf autres femmes avec lesquelles il avait fait ses preuves nocturnes. » Elle laissa ensuite en héritage à lui et à la belle Alexandra, cette ville à laquelle celle-ci donna son nom, en lui imposant, ainsi qu’à tous ses successeurs, l’obligation de faire observer la loi suivante : tout étranger à qui sa mauvaise étoile ferait porter sur ces bords un pied aventureux, aurait le choix ou de se don- ner en sacrifice, ou de se mesurer, seul, contre dix guerriers. » Et s’il advenait qu’il mît à mort les hommes, il devrait, la nuit suivante, subir l’épreuve des femmes. Si la fortune lui sou- riait encore assez pour lui permettre de sortir vainqueur de cette dernière lutte, il deviendrait le roi et le chef de cette nation de femmes, et en choisirait dix à son gré, avec lesquelles il régne- rait, jusqu’à ce qu’un nouvel arrivant plus fort réussît à lui ôter la vie. – 425 –