Elle dit à Guidon : « Viens avec nous, et nous sortirons d’ici de vive force. » « Hélas ! – répondit Guidon – laisse tout espoir de t’échapper jamais, et résous-toi à vaincre ou à périr de ma main. » Elle répliqua : « Jamais mon cœur n’a tremblé pour achever ce que j’ai entrepris, et je ne connais pas de route plus sûre que celle que m’ouvre mon épée. » J’ai tellement éprouvé ta valeur sur le champ de bataille, que si tu es avec nous, je ne recule devant aucune tentative. Quand la foule sera demain assise tout autour de la lice, je veux que nous massacrions toutes ces femmes, qu’elles prennent la fuite, ou qu’elles cherchent à se défendre, et que nous abandon- nions leurs corps aux loups et aux vautours de ce pays. Quant à la ville, nous y mettrons le feu. » Guidon lui répondit : « Je serai prompt à te suivre et à mourir à tes côtés. Mais n’espérons pas sortir de là vivants ; qu’il nous suffise de venger le plus possible notre mort, car plus de dix mille femmes seront présentes sur la place, et autant res- teront à la garde du port, des remparts et de la ville. Je ne vois aucun chemin sûr par où nous échapper. » Marphise dit : « Seraient-elles plus nombreuses que les soldats que Xerxès eut jadis autour de lui, plus nombreuses que les anges rebelles qui, à leur éternelle honte, furent chassés du ciel, si tu es avec moi, ou si, du moins, tu n’es pas avec elles, je prétends les occire toutes en un jour. » Guidon reprit : « Je ne connais pas de moyen pour tenter de nous ouvrir un chemin, sinon un, » Un seul peut nous sauver s’il réussit, et je vais vous le dire maintenant qu’il m’en souvient. Hors les femmes, il n’est permis à personne de sortir et de se promener sur le rivage. Pour cette raison, il faut que je me confie à la fidélité d’une de – 428 –