tude. Aussi, elle laissa à Guidon le soin d’employer le moyen qui lui paraîtrait le plus sûr. Guidon profita de la nuit pour parler à Aléria – c’était le nom de son épouse la plus fidèle – et il n’eut pas besoin de la prier longtemps, car il la trouva toute disposée à exécuter ses ordres. Elle choisit un navire, le fit armer, et y fit transporter ses richesses les plus précieuses, feignant de vouloir, au lever de l’aurore, partir en course avec ses compagnes. Elle avait auparavant fait préparer dans le palais des épées, des lances, des cuirasses et des boucliers, avec lesquels les mar- chands pussent s’armer, ainsi que les matelots qui étaient à moitié nus. Les uns dormirent, les autres restèrent à veiller, ré- partissant ainsi entre eux le repos et la garde. Attentifs, et les armes au dos, ils regardaient souvent si l’Orient ne rougissait pas encore. Le soleil n’avait pas encore soulevé le voile obscur et épais qui recouvrait la terre, et la fille de Lycaon avait à peine fait dis- paraître sa charrue des champs du ciel 81, lorsque la foule des femmes, qui voulait voir la fin du combat, remplit l’amphithéâtre, comme les abeilles qui s’accumulent à l’entrée de leur ruche, lorsqu’au printemps elles veulent changer de de- meure. La population fait résonner le ciel et la terre du son des trompettes, des tambours et des cornes, comme si elle voulait avertir son prince de venir terminer la bataille commencée la veille. Aquilant et Griffon étaient déjà couverts de leurs armes, ainsi que le duc d’Angleterre, Guidon, Marphise, Sansonnet et 81 Caliste, fille de Lycaon, et sa fille Arcade, qu’elle eut de Jupiter, avaient été changées en deux constellations boréales : la Grande Ourse et la Petite Ourse. L’une et l’autre ont l’apparence de charrue ou de char, et sont visibles jusqu’au lever de l’aube. – 430 –