Chant XXI ARGUMENT. – Zerbin, pour défendre Gabrine, en vient aux mains avec Hermonides et le frappe d’un coup mortel. Le vaincu raconte à Zerbin les scélératesses de la vieille ; mais ne pouvant continuer jusqu’au bout, à cause de ses blessures, il se fait trans- porter ailleurs. Zerbin et la vieille, poursuivant leur chemin, enten- dent un bruit de combat et s’avancent pour voir ce que c’est. La corde, à ce que je crois, ne lie pas plus solidement un ballot, le bois ne serre pas plus étroitement le clou, que la foi ne retient une belle âme dans son nœud indissoluble et tenace. Il paraît que les anciens ne représentaient pas la Foi sainte autre- ment vêtue que d’un voile blanc qui la couvrait tout entière. Un seul point noir en effet, une seule tache suffirait à la ternir. La foi ne doit jamais être trahie, qu’on l’ait donnée à un seul ou à mille ; dans une forêt, dans une grotte, loin des cités et des bourgs, aussi bien que devant un tribunal, en témoignage ou par écrit, avec ou sans serment. Il suffit qu’on l’ait une fois don- née. Le chevalier Zerbin tint sa parole, comme il devait la tenir, en toutes circonstances. Mais il ne montra jamais mieux com- bien il la respectait, qu’en se détournant de son propre chemin pour suivre celle qu’il détestait au point qu’il eût préféré avoir la mort même à ses côtés. Sa promesse l’emporta sur son désir. J’ai dit que, le cœur comprimé de rage et de douleur de se voir contraint à escorter la vieille, il ne lui adressait pas un mot. Ils s’en allaient tous deux muets et taciturnes. J’ai dit qu’enfin, – 444 –