au moment où le soleil montrait l’extrémité des roues de son char, leur silence fut interrompu par un chevalier errant qu’ils rencontrèrent sur leur chemin. La vieille reconnaît aussitôt ce chevalier, nommé Hermo- nides de Hollande, et dont le bouclier noir est traversé d’une barre rouge. À sa vue, dépouillant son orgueil et son air altier, elle se recommande humblement à Zerbin, et lui rappelle la promesse qu’il a faite à la guerrière qui l’a confiée à sa garde. Prétendant que le chevalier qui vient à leur rencontre est son ennemi et celui de sa famille ; qu’il a tué sans motif son père et le seul frère qu’elle avait au monde, et que le traître n’a d’autre désir que de traiter de la même manière tous les siens. « Femme – lui dit Zerbin – tant que tu seras sous ma garde, je ne veux pas que tu trembles. » Dès que le chevalier est plus près et qu’il aperçoit le visage de celle qu’il a en haine : « Apprête-toi à combattre – crie-t-il d’une voix menaçante et hautaine – ou renonce à défendre cette vieille, qui, selon qu’elle le mérite, périra de ma main. Si tu combats pour elle, tu cours à la mort, car c’est le sort réservé à qui défend une mauvaise cause. » Zerbin lui répond courtoisement que c’est une action basse et mauvaise et contraire à la chevalerie, que de chercher à don- ner la mort à une femme ; que cependant, s’il veut combattre, il ne se dérobe pas, mais qu’il l’engage à considérer tout d’abord qu’il importe qu’un noble chevalier, comme il semble l’être, ne trempe pas ses mains dans le sang d’une femme. Ce fut en vain qu’il lui parla de la sorte ; il fallut en venir aux mains. Après avoir pris du champ, ils revinrent l’un sur l’autre à toute bride. Les fusées ne sont pas si promptes à s’échapper de la main de l’artificier, les jours de réjouissances – 445 –