criminel amour ; elle fait appel à toute la scélératesse de son esprit plein de vices, et roule mille pensées avant de s’arrêter à aucune. » Elle resta six mois sans mettre les pieds dans la prison comme elle faisait auparavant, de sorte que le malheureux Fi- landre put espérer et croire qu’elle avait renoncé à son amour pour lui. Mais voici que la fortune, propice au mal, vint donner à cette scélérate l’occasion de satisfaire son appétit désordonné par un moyen épouvantable. » Il existait une vieille inimitié entre son mari et un baron nommé Morand le Beau, qui, pendant les absences d’Argée, poussait la hardiesse jusqu’à faire des excursions jusqu’au châ- teau. Mais, quand il savait qu’Argée s’y trouvait, il n’osait s’en approcher à plus de dix milles. Argée, pour l’attirer dans un piège, fit annoncer qu’il partait pour accomplir un voeu à Jéru- salem. » Il annonça qu’il partait, et partit en effet à la vue de tous et après avoir fait publier partout son départ. Personne, hormis sa femme, ne connaissait son dessein, car il se fiait à elle seule. Il ne revenait au château que pendant la nuit, à la faveur des ténèbres ; puis, à l’aurore, il sortait sous un déguisement, sans être vu de personne. » Il s’en allait de côtés et d’autres, autour de son château, pour voir si le crédule Morand y viendrait, selon son habitude. Il se tenait caché dans la forêt, et quand il voyait le soleil se cou- cher dans la mer, il revenait au château, où son infidèle épouse l’introduisait par une porte secrète. » Chacun, excepté l’indigne épouse, croyait Argée bien loin. Choisissant le moment opportun, elle va trouver mon frère, au- près duquel elle emploie un nouveau moyen. Un déluge de lar- mes s’échappe de ses yeux, car elle pleurait à volonté : “Où – 451 –