» Par crainte du supplice infâme, il promet à Gabrine qu’il fera tout ce qu’elle veut, s’ils peuvent s’échapper en sûreté de ces lieux. Ainsi l’implacable femme cueillit de force le fruit de son désir ; puis tous deux abandonnèrent ces murs, et Filandre revint parmi nous, laissant en Grèce un souvenir infamant et honteux. » Il emportait dans son cœur l’image de l’ami qu’il avait si sottement tué pour satisfaire, à son grand désespoir, la passion impie d’une Prognée cruelle, d’une Médée. Si la foi de son ser- ment ne l’eût point retenu sous un grand et dur frein, il l’aurait mise à mort. Mais sa haine pour elle s’augmenta encore si c’était possible. » Jamais, depuis cette époque, on ne le vit sourire ; toutes ses paroles étaient tristes, et de sa poitrine oppressée ne s’échappaient jamais que de profonds soupirs. Il était devenu un nouvel Oreste, poursuivi, après le meurtre de sa mère et d’Égisthe, par les Furies vengeresses. Cette douleur incessante finit par le rendre malade et par le clouer sur son lit. » Alors, cette courtisane, voyant combien elle était détestée de lui, changea la flamme naguère intense de son amour en haine, en colère ardente, enragée. Non moins furieuse contre mon frère qu’autrefois contre Argée, la scélérate prit ses mesu- res pour faire disparaître de ce monde ce second mari, comme elle avait fait du premier. » Elle alla trouver un médecin plein de perfidie ; propre à semblable besogne, et qui savait mieux tuer les gens à l’aide du poison, que guérir les malades à l’aide de cordiaux. Elle lui promit de lui donner bien plus que ce qu’il lui demanda, après qu’il aurait, au moyen d’une potion mortifère, fait disparaître son maître de devant ses yeux. – 455 –