Le voleur ne s’éloigne pas à toute bride, ce qui l’aurait promptement fait disparaître. Mais tantôt ralentissant, tantôt pressant sa fuite, il s’en va au galop ou au trot. Astolphe et lui sortent du bois après une longue course, et tous les deux arri- vent enfin là où tant de nobles barons, sans être vraiment en prison, étaient plus retenus que s’ils avaient été réellement pri- sonniers. Le paysan se réfugie dans le château, avec le destrier qui égale le vent à la course. Force est à Astolphe embarrassé par son écu, son casque et ses armes, de le suivre de loin. Cependant il arrive lui aussi au château, et là, il perd complètement les tra- ces qu’il avait suivies jusque-là. Il ne voit plus ni Rabican, ni le voleur ; en vain il tourne les yeux de tous côtés, en vain il presse le pas. Il presse le pas, et s’en va cherchant en vain par toutes les chambres, dans toutes les galeries et les salles. Il perd sa peine, et ne peut parvenir à savoir où le paysan perfide a caché Rabi- can, son coursier fidèle, plus que tout autre rapide à la course. Pendant tout ce jour, il cherche vainement, en haut, en bas, au dedans et au dehors. Ennuyé et las de tant tourner, il songe qu’il pourrait bien être dans un lieu enchanté, et il se souvient du livre que Logistil- la lui a donné dans l’Inde pour qu’il puisse déjouer tous les en- chantements dans lesquels il tombera. Il a toujours ce livre à son côté ; il consulte la table, et voit tout de suite à quelle page est le remède. Le palais enchanté était décrit tout au long dans le livre. On y trouvait aussi les divers moyens de confondre le magicien et de dénouer les liens dans lesquels il retenait tous ces prison- niers. Sous le seuil de la porte était renfermé un esprit. C’était lui qui causait toutes ces illusions, tous ces prestiges. Il suffisait – 462 –