de lever la pierre de son sépulcre, pour voir le château réduit par lui en fumée. Désireux de conduire à bonne fin une si glorieuse entre- prise, le paladin s’empresse d’essayer si le marbre est trop pe- sant pour son bras. Mais Atlante qui voit ses mains prêtes à dé- truire tous ses artifices, et qui est inquiet de ce qui peut arriver, vient l’assaillir par de nouveaux enchantements. Grâce à ses larves diaboliques, il le fait paraître tout diffé- rent de ce qu’il est. Pour les uns c’est un géant, pour les autres un paysan, pour d’autres un chevalier à figure déloyale. Chacun voit le paladin sous la forme où le magicien lui est apparu dans le bois ; de sorte que, pour ravoir ce que le magicien leur a enle- vé, tous se précipitent sur Astolphe. Roger, Gradasse, Iroldo, Bradamante, Brandimart, Pra- silde, et les autres guerriers, dans leur nouvelle erreur, s’avancent furieux et pleins de rage, pour mettre le duc en piè- ces. Mais celui-ci, en un pareil moment, a recours à son cor et fait courber soudain tous ces esprits altiers. S’il n’avait pas re- couru au son terrifiant, le paladin était tué sans rémission. Mais aussitôt qu’il a embouché le cor, et que l’horrible son s’est fait entendre, les chevaliers prennent la fuite comme les colombes au coup de fusil. Le nécromant fuit non moins que les autres. Pâle, affolé, rempli de terreur, il sort de sa retraite, et fuit au loin jusqu’à ce que l’horrible son ne parvienne plus à son oreille. Les gardes fuient avec leurs prisonniers ; les chevaux, qu’une simple corde ne peut retenir, s’échappent de leurs écu- ries et suivent leurs maîtres par divers sentiers. Il ne reste dans le château ni chat ni rat, au son du cor qui semble dire : Sus ! sus ! Rabican s’en serait allé avec les autres, si le duc n’était par- venu à le saisir à sa sortie. – 463 –