vulgua rapidement ; sonnant dans son cor, elle en répandit la nouvelle en France, en Espagne et dans tous les pays environ- nants. Le bruit de cette étrange aventure étant parvenu dans tous les coins de l’univers, un grand nombre de chevaliers, venus des contrées voisines ou éloignées, se mirent à la recherche de l’écu. Mais ils ne savaient où était située la forêt dans laquelle se trou- vait le puits qui renfermait l’écu magique, car la dame qui avait divulgué la belle action de Roger, ne voulut jamais indiquer le pays ni le lieu. Roger en s’éloignant du château où il avait vaincu avec si peu d’efforts, et où il avait renversé les quatre redoutables champions de Pinabel comme des hommes de paille, avait em- porté l’écu. À peine la lumière qui éblouit les yeux et anéantit les sens eut-elle disparu, que tous ceux qui gisaient comme morts se relevèrent remplis d’étonnement. Pendant tout le jour, il ne fut question entre eux que de cette étrange aventure. Ils cherchaient à s’expliquer comment l’horrible lumière avait pu les terrasser tous. Sur ces entrefaites, on vient les avertir que Pinabel est mort, mais qu’on ne sait pas par qui il a été tué. L’impétueuse Bradamante avait fini par atteindre Pinabel dans un étroit défilé. Elle lui avait plongé à cent reprises son épée dans le flanc et dans le cœur. Puis, après avoir purgé le monde de cette pourriture qui avait infecté tout le pays, elle avait tourné le dos au bois témoin de sa vengeance, emmenant avec elle le destrier que le félon lui avait autrefois dérobé. Elle voulut retourner à l’endroit où elle avait laissé Roger, mais elle ne sut pas retrouver son chemin. Franchissant les val- lons et les montagnes, elle chercha quasi par toute la contrée. La fortune cruelle ne lui permit pas de trouver la route qui l’eût – 478 –