direct et le meilleur, et elle craint de se tromper. Le paysan ne connaissait pas beaucoup la contrée, et ne pouvait que l’égarer encore. Enfin elle part à l’aventure, du côté où elle pense qu’est située Vallombreuse. Elle marche çà et là, sans rencontrer sur son chemin per- sonne à qui elle puisse se renseigner. Vers l’heure de none, elle sort de la forêt et découvre de loin un castel sur la cime d’une montagne. Elle le regarde, et il lui semble reconnaître Montau- ban. C’était Montauban en effet, où elle avait sa mère et plu- sieurs de ses frères. Dès qu’elle a reconnu l’endroit où elle est, la dame sent la tristesse envahir son cœur plus que je ne saurais dire. Si elle s’arrête, on la verra et on ne voudra plus la laisser partir ; et si elle ne part pas, le feu de l’amour la brûlera au point de la faire mourir. Elle ne reverra plus Roger, et rien de ce qu’ils ont proje- té de faire à Vallombreuse ne pourra s’accomplir. Elle reste quelque temps pensive, puis elle se décide à tourner le dos à Montauban, et elle se dirige vers l’abbaye dont elle connaît bien maintenant la route. Mais, avant qu’elle soit sortie de la vallée, sa fortune, bonne ou mauvaise, lui fait ren- contrer Alard, un de ses frères, sans qu’elle ait le temps de se dérober à sa vue. Il s’en revenait de préparer les logements pour les cavaliers et les fantassins nouvellement levés dans la contrée sur les ins- tances de Charles. Après s’être chaleureusement embrassés, le frère et la sœur rentrent à Montauban, en devisant de choses et d’autres. La belle dame rentre à Montauban, où Béatrice l’avait pleu- rée en vain pendant longtemps, après l’avoir fait chercher par toute la France. Les baisers et les serrements de main de sa mère et de ses frères lui paraissent froids, auprès des baisers – 484 –