du sans vie entre deux montagnes, dans un étroit sentier. Zer- bin, pour éviter que les soupçons ne se portent sur lui, feint d’apprendre une chose nouvelle et baisse les yeux ; mais il pense bien que le cadavre qu’il a trouvé sur sa route doit être celui de Pinabel. Bientôt arrive le brancard funèbre, à la lueur des torches et des flambeaux. Alors les cris redoublent, les battements de mains retentissent jusqu’aux étoiles, et les larmes coulent plus abondantes des paupières. Mais, plus que tous les autres, le vi- sage du malheureux père dénote un sombre désespoir. Cependant on apprête de solennelles et pompeuses funé- railles, selon l’usage antique que chaque génération voit peu à peu se perdre. Le châtelain fait publier un ban par lequel il promet une riche récompense à celui qui lui fera connaître le meurtrier de son fils. Ce ban interrompt un instant les lamenta- tions du populaire. De voix en voix, d’une oreille à l’autre, la promesse annon- cée par le ban se répand dans toute la contrée. Elle parvient jus- qu’à la vieille scélérate qui dépasse en férocité les tigres et les ours. Aussitôt elle saisit cette occasion de perdre Zerbin, soit pour satisfaire sa haine, soit pour montrer que tout sentiment humain est banni de son cœur, Soit pour gagner la récompense promise. Elle s’en va trou- ver le malheureux châtelain, et, après un préambule qu’elle tâ- che de rendre le plus vraisemblable possible, elle lui dit que c’est Zerbin qui a commis le crime. Elle lui montre la belle ceinture que le père infortuné reconnaît sur-le-champ. Après ce témoi- gnage et la déclaration de l’horrible vieille, tout lui paraît clair. Pleurant, il lève ses mains vers le ciel, et jure que son fils ne restera pas sans vengeance. Il fait cerner l’appartement de son hôte par ses vassaux, qui sont accourus en toute hâte. Zerbin est – 489 –