tends ! Ce messager, c’était celui duquel le Circassien apprit le nom de celle qui l’avait étendu sur l’herbe. À Bradamante il apporte la nouvelle que Montpellier et Narbonne ont levé les étendards de Castille, ainsi que tout le littoral d’Aigues-Mortes, et que Marseille, privée de celle qui devait la défendre, s’inquiète et, par ce message, lui demande conseil et secours, et se recommande à elle. Cette cité, et le pays tout autour à plusieurs milles, c’est-à- dire celui qui est compris entre le Var, le Rhône et la mer, l’empereur les avait donnés à la fille du duc Aymon, dans la- quelle il avait espoir et confiance, car il avait coutume de s’émerveiller de sa bravoure, quand il la voyait combattre dans les joutes. Or, comme j’ai dit, pour demander aide, ce message lui est venu de Marseille. Entre le oui et le non, la jeune fille est en suspens. À re- tourner elle hésite un peu ; d’un côté l’honneur et le devoir la pressent, de l’autre le feu de l’amour l’excite. Elle se décide enfin à poursuivre son premier projet et à tirer Roger de ce lieu en- chanté, et, si son courage ne peut accomplir une telle entreprise, à rester au moins prisonnière avec lui. Et elle fait au messager de telles excuses, qu’il en demeure tranquillisé et content. Puis elle tourne la bride et reprend son voyage avec Pinabel qui n’en semble pas joyeux, car il sait main- tenant que celle-ci appartient à cette race qu’il hait tant en pu- blic et en secret. Et déjà il prévoit pour lui de futures angoisses, si elle le reconnaît pour un Mayençais. Entre la maison de Mayence et celle de Clermont, exis- taient une haine antique et une inimitié intense. Plusieurs fois elles s’étaient heurtées du front et avaient répandu leur sang à grands flots. C’est pourquoi le perfide comte songe en son cœur – 49 –