Chant XXIV ARGUMENT. – Roland donne des preuves de folie furieuse. – Zerbin rencontre Odoric, qui avait trahi Isabelle. Il lui fait grâce de la vie, mais, en punition de sa faute, il lui donne Gabrine à garder. Il va à la recherche de Roland, suit ses traces et ramasse ses armes éparses sur le sol. Survient Mandricard, accompagné de Doralice. Il en vient aux mains avec Zerbin, pour avoir l’épée du paladin. Zerbin est blessé à mort, et Isabelle se réfugie auprès d’un ermite. Arrive ensuite Rodomont, qui s’attaque à Mandricard ; mais le combat est arrêté par l’arrivée d’un messager d’Agramant qui rap- pelle les deux guerriers sous les murs de Paris. Que celui qui met le pied sur l’amoureuse glu s’empresse de le retirer, et n’attende pas d’être englué jusqu’aux épaules. L’amour n’est, en somme, qu’une folie, de l’avis universel des sages. Si, comme Roland, tous ceux qui en sont atteints ne de- viennent pas furieux, leur égarement se traduit par quelque au- tre signe. Et quelle marque plus évidente de folie que de s’annihiler soi-même devant la volonté d’autrui ? Les effets sont variés, mais la folie qui les produit est une. C’est comme une grande forêt, où quiconque se hasarde doit infailliblement s’égarer ; les uns vont en haut, les autres en bas, ceux-ci d’un côté, ceux-là d’un autre. En résumé, et pour conclure, voici ce que je dis : Celui qui s’abandonne à l’amour mérite, entre autres peines, les soucis et les chaînes qui l’attendent. On pourrait bien me dire : « Frère, tu vas en remontrant aux autres, et tu ne vois pas ta propre faiblesse. » À cela, je ré- – 508 –