Qui, par sa belle prestance et par ses riches vêtements, semblait ne pas être de basse condition ; mais elle montrait, par son trouble et son chagrin, autant qu’elle le pouvait, qu’elle était enfermée contre son gré. Pour savoir à quoi s’en tenir sur sa situation, il avait déjà commencé à entrer dans la caverne, lors- que quelqu’un, sorti de la grotte intérieure, l’y avait fait rentrer avec fureur. Bradamante, aussi imprudente que généreuse, ajoute foi à Pinabel, et désireuse d’aider la dame, elle cherche comment elle pourra descendre là-dedans. Voici qu’en tournant les yeux, elle voit une longue branche à la cime feuillue d’un orme. Avec son épée, elle la coupe prestement et l’incline sur le bord de la ca- verne. Du côté où elle est taillée, elle la remet aux mains de Pina- bel, puis elle s’y accroche. Après avoir d’abord introduit ses pieds dans la caverne, elle s’y suspend tout entière par les bras. Pinabel sourit alors, lui demande comment elle saute, et il ouvre les mains toutes larges, disant : « Qu’ici tous les tiens ne sont-ils réunis, pour que j’en détruise la semence ! » Il n’advint pas du sort de l’innocente jeune fille comme le désirait Pinabel. Dans sa chute précipitée, la branche solide et forte vint frapper la première le fond. Elle se brisa, mais elle garantit si bien Bradamante, qu’elle la préserva de mort. La da- moiselle resta quelque temps étourdie, comme je le dirai ensuite dans l’autre chant. – 51 –