Zerbin exigea d’Odoric un serment solennel d’observer cette prescription, sous peine, dans le cas où il viendrait à y manquer, de ne plus obtenir la moindre pitié ni aucune merci s’il retombait en ses mains, et de subir une mort cruelle. Puis, se tournant vers Almonio et Corrèbe, Zerbin fit délier Odoric. Corrèbe, aidé d’Almonio, délia le traître, mais sans se pres- ser. L’un et l’autre regrettaient de voir échapper ainsi une ven- geance après laquelle ils avaient longtemps soupiré. Enfin le félon partit en compagnie de la vieille maudite. On ne lit pas dans Turpin ce qu’il en advint ; mais j’ai trouvé, depuis, un au- teur qui en a écrit plus long. Cet auteur, dont je tairai le nom, écrit qu’après avoir mar- ché pendant une journée à peine, Odoric, pour se débarrasser de sa gênante compagne, mit, en dépit de son serment et du pacte conclu, un lacet au cou de Gabrine, et la laissa pendue à un orme. Il ajoute que, moins d’un an après, Almonio lui fit su- bir le même traitement, mais il ne dit pas en quel lieu. Zerbin, qui suivait la trace du paladin et ne voulait pas la perdre, envoie alors de ses nouvelles à son armée, qui devait être fort inquiète à son sujet. Il charge Almonio de ce message, en lui faisant force recommandations qu’il serait trop long de raconter. Il fait d’abord partir Almonio, puis il envoie également Corrèbe, et ne garde personne auprès de lui, excepté Isabelle. L’affection que Zerbin et Isabelle portaient au vaillant pa- ladin était si grande, leur désir était si grand de savoir s’il avait retrouvé le Sarrasin qui l’avait jeté à bas de son destrier avec sa selle, que Zerbin ne voulut point rejoindre l’armée avant la fin du troisième jour. C’était le terme que Roland avait fixé pour attendre lui- même le chevalier qui ne portait point d’épée. Zerbin ne laisse – 517 –