demanderaient qui elle est, pourquoi elle s’afflige ainsi et quel chagrin l’oppresse, je répondrai que c’est Fleur-de-Lys, qui cherche les traces de son amant. Brandimart, sans la prévenir, l’avait laissée dans la cité de Charles, où elle l’avait attendu six ou huit mois. À la fin, ne le voyant point revenir, elle se mit à le chercher partout, d’un ri- vage à l’autre, des Pyrénées aux Alpes. Elle l’avait cherché par- tout, excepté dans le palais de l’enchanteur Atlante. Si elle était allée dans ce château d’Atlante, elle l’aurait vu errer avec Gradasse, Roger, Bradamante, Ferragus et Roland. Mais ensuite, quand, au son horrible et stupéfiant de son cor, Astolphe eut chassé le nécromant, Brandimart était retourné vers Paris. Mais Fleur-de-Lys ignorait tout cela. Comme je vous l’ai dit, arrivée par hasard près des deux amants, Fleur-de-Lys reconnut les armes de Roland, ainsi que Bride-d’Or, resté sans maître, et la bride pendue à la selle. Elle constata de ses yeux la misérable aventure et put également en entendre le récit, car le berger lui raconta à elle aussi comment il avait vu Roland courir de tous côtés comme un fou. Zerbin rassemble toutes les armes et en forme un beau tro- phée qu’il suspend à un pin. Voulant éviter que chevaliers, paysans ou voyageurs ne se les approprient, il grave sur le tronc verdoyant cette courte inscription : ARMURE DU PALADIN ROLAND, comme s’il eût voulu dire : Que personne n’y touche, s’il ne veut pas éprouver la colère de Roland. Ce pieux devoir accompli, il se dispose à remonter sur son destrier, lorsque survient Mandricard. Celui-ci, voyant les su- perbes dépouilles suspendues au pin, le prie de lui dire ce que cela signifie. Zerbin lui raconte ce qu’on lui a rapporté à lui- même. Alors le roi païen tout joyeux s’avance sur-le-champ vers le pin et se saisit de l’épée, – 519 –