des marais poissonneux, tremble entre les deux embouchures du Pô, et dont les habitants sont sans cesse désireux de voir la mer se troubler, et souffler les vents furieux. Je ne parle pas d’Argenta, de Lugo et de mille autres châteaux et villes populeu- ses. » Vois Nicolo, qui, tendre enfant, est acclamé, par le peu- ple, seigneur de son domaine. Il rend vaines et nulles les espé- rances de Tideo, qui suscite contre lui la guerre civile. Les jeux de son enfance consisteront à suer sous les armes et à se fati- guer à la guerre ; et, grâce à ce travail des premières années, il deviendra la fleur des guerriers. » Il fera avorter et tourner à leur désavantage tous les pro- jets de ses sujets rebelles. Et il sera si au courant de tout strata- gème, qu’il sera difficile de pouvoir le tromper. De cela s’apercevra trop tard Othon III, de Reggio et de Parme affreux tyran, car d’un seul coup Nicolo lui arrachera son domaine et sa coupable existence. » Ce beau royaume s’augmentera toujours par la suite, sans que ses princes mettent jamais le pied hors du droit chemin, ni qu’aucun d’eux fasse jamais tort à autrui, à moins qu’il n’ait tout d’abord reçu quelque injure. Satisfait de cette sagesse, le grand Moteur ne leur posera aucune limite ; mais ils iront prospérant toujours de plus en plus, tant que le ciel tournera autour de son axe. » Vois Léonello, et vois le premier duc, gloire de son épo- que, l’illustre Borso, qui, régnant en paix, obtiendra plus de triomphes qu’il n’en aurait recueilli sur les terres d’autrui. Il enfermera Mars dans un endroit où il ne puisse voir le jour, et liera à la Fureur guerrière les mains derrière le dos. L’unique pensée de ce prince remarquable sera de faire vivre son peuple heureux. – 61 –