sera fort et toujours prêt à sauver l’autre en consentant à mou- rir. » La grande affection de ce digne couple donnera plus de sécurité à leur cité que si, par l’œuvre de Vulcain, ils avaient en- touré ses murailles d’une double ceinture de fer. Alphonse est celui qui au savoir joint une telle bonté, qu’au siècle suivant le peuple croira qu’Astrée est revenue du ciel, d’où elle peut faire le chaud et le froid. » Ce lui sera grand besoin d’être prudent et de ressembler à son père par la valeur, car, n’ayant que peu de gens avec lui, il aura affaire d’un côté aux escadres vénitiennes, de l’autre à celle dont je ne sais si l’on devra plus justement dire qu’elle fut pour lui une marâtre ou une mère. Mais si elle fut sa mère, elle n’eut pas plus pitié de lui que Médée et Progné n’eurent pitié de leurs fils. » Et autant de fois que, de jour ou de nuit, il sortira de sa ville avec son peuple fidèle, autant de fois il infligera à ses en- nemis, sur mer ou sur terre, des désastres et des défaites mémo- rables. Les gens de la Romagne, malencontreusement soulevés contre leurs voisins, jadis leurs amis, s’en apercevront dans la guerre où ils couvriront de leur sang le sol compris entre le Pô, le Santerno et le Zanniolo. » Dans ces mêmes régions s’en apercevra aussi l’Espagnol mercenaire du grand Pasteur, peu de temps après lui avoir enle- vé Bastia, et en avoir mis à mort le châtelain, une fois la ville prise. En châtiment d’un tel dommage, il ne restera personne, du moindre fantassin au capitaine, qui, de la reprise de la ville et de la garnison égorgée, puisse porter la nouvelle à Rome. » Ce sera lui qui, par sa prudence et son épée, aura l’honneur, dans les champs de la Romagne, de donner à l’armée de France la grande victoire contre Jules et l’Espagne. Par toute – 63 –