Chant IV ARGUMENT. – Bradamante arrache à Brunel son anneau enchanté, grâce auquel elle détruit le pouvoir d’Atlante et délivre Roger. Celui-ci laisse son cheval à Bradamante et monte sur l’hippogriffe, qui l’emporte dans les airs. – Renaud arrive en Écosse, où il apprend que Ginevra, fille du roi, est sur le point d’être mise à mort, victime d’une calomnie. S’étant mis en chemin pour aller la délivrer, il rencontre une jouvencelle qui lui raconte le fait pour lequel Ginevra a été condamnée à périr. Bien que la dissimulation soit le plus souvent répréhensi- ble, et l’indice d’un méchant esprit, il arrive cependant qu’en beaucoup de cas elle a produit d’évidents bienfaits, en faisant éviter un dommage, le blâme et même la mort. Car nous n’avons pas toujours affaire à des amis, dans cette vie mortelle, beau- coup plus obscure que sereine et toute pleine d’envie. Si, seulement après une longue épreuve, on peut trouver à grand’peine un ami véritable à qui, sans aucune défiance, on parle et on montre à découvert sa pensée, que devait faire la belle amie de Roger avec ce Brunel faux et pervers, dissimulé et cauteleux dans toute sa personne, ainsi que la magicienne l’avait dépeint ? Elle dissimule, elle aussi, et il lui faut bien agir ainsi avec ce maître en fourberies. Et, comme je l’ai dit, constamment elle a les yeux sur ses mains, qui étaient rapaces et voleuses. Mais voi- ci qu’à leur oreille une grande rumeur arrive. La dame dit : « Ô glorieuse Mère, ô Roi du ciel, qu’est cela ? » Et elle se précipite à l’endroit d’où provenait la rumeur. – 69 –