Leurs coups étaient si forts que même des enclumes n'auraient pas résisté. Cependant, pendant qu'ils s'affrontaient, le cheval poursuivait sa route. Angélique, poussant autant qu'elle le pouvait avec ses éperons, le guidait à travers les bois et la campagne. Après que les deux guerriers se soient épuisés en vain à essayer de se renverser, tous deux étant d'égale force, aussi habiles l'un que l'autre avec les armes à la main, le seigneur de Montauban fut le premier à parler au chevalier espagnol. Son coeur était plein d'un tel feu qu'il en était consumé et ne trouvait pas le temps de le laisser s'évaporer. Il dit au païen : "Tu pensais me nuire à moi seul, mais tu t'es nui à toi-même avec moi. Si tout cela arrive parce que les rayons brillants du nouveau soleil t'ont enflammé la poitrine, quel avantage as-tu à me retenir ici ? Même si tu m'avais tué ou capturé, la belle dame ne serait pas plus à toi, car pendant que nous perdons du temps, elle continue son chemin. "Combien il serait préférable, si tu l'aimes aussi, de traverser sa route pour la retenir et l'arrêter, avant qu'elle ne s'éloigne encore plus ! Une fois que nous l'aurons en notre pouvoir, alors nous verrons avec l'épée à qui elle doit appartenir. Sinon, après une longue fatigue, je ne vois pas d'autre résultat pour nous que du désagrément. » La proposition ne déplut pas au païen. Leur querelle fut reportée et une trêve soudaine naquit entre eux. La haine et la colère furent tellement oubliées que le païen, s'éloignant de l'eau fraîche, n'a pas laissé le brave fils d'Aymon à pied. Avec une prière, il l'invita, puis le prit derrière lui sur son cheval, et galopa sur les traces d'Angélique. La famille de Renaud possédait le château de Montauban. - 22 -