Le couvre-chef d'un autre casque le protégeait, ce n'est autre que celui d'Aspromonte, que Roland a arraché de la tête du fier Almont. Il respecta mieux ce serment que le précédent. Il partit alors, si contrarié qu'il ruminait pendant plusieurs jours, se rongeant et consumant son esprit avec pour seule préoccupation de chercher le paladin, ici et là, où il pensait pouvoir le trouver. Une aventure différente arrive au courageux Renaud qui a pris une direction opposée. Renaud ne marche pas longtemps avant de voir son noble cheval bondir devant lui: "Arrête Bayard, arrête tes pas, car être sans toi est trop nuisible pour moi". À cet appel, le cheval reste imperturbable et ne vient pas vers lui. Au contraire, il part plus rapidement. Renaud le poursuit, emporté par la colère. Mais suivons Angelique qui s'enfuit. Elle fuit à travers les forêts sombres et terrifiantes, traversant des lieux inhabités, désertiques et sauvages. Le mouvement des feuilles et de la verdure, agitées sur les branches de chênes, d'ormes et de hêtres, lui faisait dessiner d'étranges détours, car elle craignait toujours, d'après chaque ombre qu'elle distinguait en montagne et dans la vallée, d'avoir Renaud à ses trousses. Tel un jeune faon ou un jeune chevreau qui, à travers les feuilles de sa forêt natale, a vu le léopard tuer sa mère, pour ensuite ouvrir son flanc et sa poitrine. De forêt en forêt, loin de la bête cruelle, l'animal s'échappe, tremblant de peur et de défiance. À chaque buisson qu'elle frôle en passant, elle croit être capturée par la gueule du fauve. Ce jour-là, la nuit suivante et la moitié du jour d'après, Angelique continue sa route, se faufilant sans savoir où aller.