Prenant pitié d'elle-même, cette femme qui méprise tout le monde, ne pense pas quiconque digne d'elle. Cependant, l'idée d'être seule dans ces bois l'amène à envisager de prendre ce roi comme guide. Après tout, celui qui est submergé jusqu'à la bouche serait bien têtu de ne pas appeler à l'aide. Si elle laisse passer cette chance, elle ne trouvera jamais un compagnon aussi fiable, sachant par une expérience passée que ce roi était le plus fidèle des amants. Mais elle n'a pas l'intention de soulager l'amour de celui qui l'aime de l'affliction qui le tue, ni de récompenser sa peine par le plaisir désiré par tous les amants. Au contraire, elle ourdit une sorte de mensonge, de ruse pour le garder en suspens jusqu'à ce qu'elle puisse l'utiliser selon son gré, avant de redevenir dure et hautaine. Émergeant de l'ombre et de l'inaccessible broussaille, elle se manifeste soudainement, aussi belle que Diane ou que Vénus émergeant d'une forêt ou d'une grotte ombrée. Elle salue alors : "Paix à toi ; que Dieu défende notre honneur à travers toi. Il ne faut pas que tu aies de moi une idée erronée." Une mère qui voit son fils, qu'elle croyait mort après avoir vu les soldats revenir sans lui, n'aurait pas été plus heureuse et surpris que le Sarrazin en découvrant, tout à coup, devant lui, cette noble allure, ces manières charmantes et ce visage vraiment angélique. Plein d'une tendre et amoureuse émotion, il court vers sa dame, sa déesse. Celle-ci, l'enlaçant par le cou, le serre contre elle, ce qu'elle n'aurait sans doute jamais fait au Cathay. Ayant maintenant à ses côtés au palais paternel, elle pourrait...