Il disait cela, et comme il se préparait pour le doux assaut, un grand bruit qui résonnait du bois voisin le rendait tellement étourdi qu'il était contraint d'abandonner son entreprise. Il attrapa son casque, toujours armé selon sa vieille habitude, se dirigea vers son destrier, lui remit la bride, remonta en selle et saisit sa lance. Soudainement, un chevalier apparaissait à travers le bois, ayant l'apparence d'un homme brave et fier. Son vêtement était aussi blanc que la neige, et son casque avait un panache blanc. Le roi Sacripant, incapable de lui pardonner son interruption inopportune de son plaisir, le regardait avec dédain et colère. Dès que l'étranger s'approcha, il le défia au combat, croyant fermement qu'il pouvait le renverser. L'étranger, se considérant comme son égal, preuve à l'appui, mettait rapidement fin à ses menaces arrogantes. Il donna un coup de talon à son cheval et positionna sa lance. Sacripant se retourna avec l'impétuosité d'une tempête, et ils se ruèrent l'un contre l'autre pour combattre, tête contre tête. Les lions et les taureaux, quand ils heurtent leurs poitrines et s'étreignent, ne sont pas aussi féroces que les deux guerriers qui se livraient bataille ; ils perçaient mutuellement leurs boucliers. Leur rencontre fit trembler les vallées herbeuses et les collines dénudées, de bas en haut. Ils étaient tous les deux si chanceux que leurs hauberts étaient intacts, préservant leurs poitrines. De leur côté, les chevaux ne déviaient pas de leur ligne droite, mais se percutaient comme des moutons. Celui du guerrier païen fut tué sur le coup, et avait été l'un des meilleurs de son vivant. L'autre tomba aussi, mais se releva aussitôt quand il sentit les éperons à son flanc. Celui du roi sarrasin resta allongé, pesant de tout son poids sur son maître.