Une violente tempête fait rage, la mer est soulevée si furieusement autour du navire qu'elle baigne même la pointe des huniers. Les marins expérimentés réagissent rapidement, réduisent les grandes voiles et en envisagent de faire demi-tour pour retourner au port d'origine. "Ce n'est pas à moi - dit le vent - de permettre une telle liberté, car c'est vous qui vous l'êtes enlevée." Il souffle, il tempête, il menace de naufrage s'ils n'obéissent pas à ses ordres. Tantôt à bâbord, tantôt à tribord, ils sont soumis aux caprices de ce vent cruel incessant et de plus en plus violent. Ils naviguent de haut en bas, avec les petites voiles, sur les vagues de la haute mer. Mais puisque j'ai besoin de fils variés pour les différentes voiles que je prévois de tisser, je laisse Renaud et son navire agité pour revenir à sa sœur Bradamante. Je parle de cette remarquable demoiselle qui renversa le roi Sacripant et qui, digne sœur de ce seigneur, est née du duc Aymon et de Béatrice. Sa grande valeur, son ardeur impressionnante, dont elle a prouvé à maintes reprises, ne sont pas moins appréciées par Charles et toute la France que la valeur tant estimée de son frère Renaud. La dame était aimée par un chevalier qui était venu d'Afrique avec le roi Agramant, et que la malheureuse fille d'Agolante avait conçu à partir de la semence de Roger. Et elle, qui n'était pas descendante d'un ours ni d'un lion cruel, ne dédaigna pas un tel amant. Cependant, à part une seule fois, le destin ne leur a pas permis de se voir et de se parler. La mère de ce chevalier s'appelait Galacielle, dont l'histoire sera racontée ultérieurement. Son père nommé Agolante a été tué par Roland. Elle avait eu un fils, aussi nommé Roger, du chevalier Roger de Risa. Roger est le principal héros du poème d'Arioste et l'amant de Bradamante.