Renaud saisit ses armes et son cheval Bayard, et se fait immédiatement déposer sur les rivages sombres, après avoir instruit le pilote de s'éloigner et de l'attendre à Berwick. Sans serviteur ni escorte, ce chevalier s'aventure à travers l'immense forêt, suivant un chemin puis un autre, à la recherche des aventures les plus inhabituelles. Le premier jour, il arrive à une abbaye qui consacre une grande partie de ses revenus à héberger avec dignité, dans son riche monastère, les dames et les chevaliers qui passent dans les environs. Les moines et l'abbé réservent un accueil chaleureux à Renaud, qui leur demande, après avoir copieusement déjeuné à une table savoureusement garnie, comment les chevaliers trouvent sur ce territoire des aventures où un homme courageux peut, par un fait notable, démontrer s'il mérite blâme ou éloges. Ils lui répondent qu’en errant dans ces bois, il pourrait rencontrer des aventures extraordinaires et nombreuses ; mais, comme les lieux mêmes, les faits qui s’y passent restent dans l’obscurité, car on n’en a généralement aucune nouvelle. « Cherche – disent-ils – des contrées où tes œuvres ne restent pas cachées, afin que la renommée suive le danger et l'effort, et qu'elle soit discutée comme elles le méritent. Et si tu aspires à prouver ta valeur, l'entreprise la plus digne s'offre à toi, celle qui, dans les temps anciens et modernes, ne s'est jamais présentée à un chevalier. La fille de notre roi se trouve actuellement avoir besoin d'aide et de défense contre un baron nommé Lurcanio, qui cherche à lui ôter la vie et l'honneur. Ce Lurcanio l'a accusée auprès de son père - peut-être par haine plutôt que par raison - de l'avoir vue à minuit attirant chez elle un amant sur son balcon. Selon les lois du royaume, elle doit être condamnée au bûcher, si, dans le délai.