Chant V ARGUMENT. – Dalinda révèle à Renaud le complot tissé par son amant Polinesso contre Ginevra, qui est condamnée à mort, si personne ne se présente pour la défendre contre Lurcanio, qui l'a accusée d'impudeur. Renaud arrive sur le terrain, au moment où Lurcanio a commencé le combat avec un chevalier inconnu qui s'est présenté pour défendre la princesse. Il fait suspendre le combat, dénonce le calomniateur et lui fait avouer son crime. Tous les autres êtres vivants sur terre vivent paisiblement ou, s'ils se querellent et se font la guerre, le mâle ne s'attaque jamais à la femelle. L'ours et la ourse parcourent en sécurité la forêt ; la lionne repose auprès du lion ; la louve vit en toute sécurité avec le loup et la génisse n'a pas peur du taureau. Quelle terrible fléau, quelle méchante figure a pu semer le trouble dans les cœurs humains, comme on le voit si souvent quand un mari et une femme s'injurient grossièrement, se griffent le visage, se frappent au point de le rendre blanc ou noir de coups, inondent leur lit de larmes, et parfois pas seulement de larmes, mais de sang, dans un accès de colère insensée ? Il me semble non seulement qu'il commet un grand crime, mais qu'il agit également contre la nature et se rebelle contre Dieu, l'homme qui se laisse aller à frapper le visage d'une belle dame, ou même à lui arracher un cheveu. Quant à celui qui lui verse du poison, ou qui lui arrache l'âme du corps avec une corde... - 84 -