"Ariodant soupçonnait que son interlocuteur cherchait à le piéger en un lieu favorable pour l'assassiner, tout cela en prétendant lui montrer quelque chose qu'il croyait impossible de la part de Ginevra. L'endroit en question se situait en face du balcon par lequel il avait coutume de monter. Pourtant, Ariodant décida d'y aller, mais préparé de sorte à pouvoir rivaliser en force. Si jamais une attaque survenait, il ne voulait pas craindre la mort. Il avait un frère, prudent et courageux, nommé Lurcanio, reconnu comme étant le plus habile de toute la cour au maniement des armes. Ariodant se sentait plus en sécurité avec Lurcanio à ses côtés qu'avec dix autres compagnons. Il appela son frère, le priant de prendre ses armes, avant de l'emmener avec lui. Il ne lui avait rien révélé de ses soupçons, ayant gardé son secret pour lui-même. Il positionna Lurcanio à une distance d'un jet de pierre : "Si tu m'entends appeler, accours. Mais si tu ne m'entends pas, reste à ta place si tu me tiens à cœur", lui dit-il. Réconforté par les mots de Lurcanio "Ne crains rien et va", Ariodant alla se cacher dans une maison isolée, face à mon balcon secret. De son côté, l'individu trompeur et traître, joyeux à l'idée de diffamer Ginevra, se rapprocha. Il me transmit un signe convenu d'avance, signe dont j'ignorais entièrement le réel sens. Vêtue de ma robe blanche ceinte de d'or à la taille et coiffée d'un filet d'or orné de magnifiques fleurs rouges – comme Ginevra avait coutume de porter – je suis apparue sur le balcon dès avoir entendu le signal. Le balcon était placé de telle manière que l'on pouvait me voir de face et de tous côtés. Pendant ce temps, Lurcanio, craignant pour la sécurité de son frère ou simplement curieux de nature – un trait commun à tous – décida de suivre son frère discrètement."