Il n'y a aucune réponse ni aucun signe de leur part, ils se retrouvent donc face à un seul adversaire. Vivian est le premier à arriver, plein d'enthousiasme, brandissant sa lourde lance. Le roi païen, lui, habitué aux exploits courageux, se dirige vers lui avec une énergie encore plus grande. Ils pointent tous deux leur lance là où ils pensent que le coup sera le plus dangereux. Vivian frappe en vain le casque du païen ; loin de le faire tomber, il ne parvient même pas à le faire fléchir. Le roi païen, dont la lance est plus solide, fait voler en éclats le bouclier de Vivian, comme s'il était en verre, et l'envoie lui-même à terre, dans l'herbe et les fleurs. Maugis arrive et tente sa chance, espérant venger son frère. Mais il est si rapidement mis à terre à côté de lui, que plutôt que de le venger, il doit se contenter de l'accompagner. Leur autre frère, plus rapide que leur cousin à se préparer pour la bataille, s'est élancé sur son cheval. Défiant le Sarrasin, il s'élance à toute allure pour le rencontrer, bouillant d'ardeur. Sa lance frappe bruyamment le casque finement trempé du païen, juste en dessous de la visière. La lance s'envole dans le ciel, brisée en quatre morceaux. Mais le païen n'est pas même secoué par ce coup terrible. Le païen le frappe au flanc gauche. Le coup est si fort que le bouclier et la cuirasse ne peuvent résister et s'entrouvrent comme une écorce. La cruelle lame transperce l'épaule blanche. Aldigier, transpercé de part en part, fléchit sous le coup et finit par tomber dans l'herbe et les fleurs, pâle sous ses armes rougies de sang. Richardet se précipite derrière lui, furieux, sa lance au garde-à-vous, et son apparence montre bien, comme toujours, qu'il est un noble Paladin de France. Et il l'aurait bien montré au païen si les circonstances l'avaient permis.