Lors de cette rencontre terrible, les lances des adversaires se brisent jusqu'à leur manche, comme du verre. Ni l'un ni l'autre ne reculent cependant. Marphise, désireuse de voir si elle aurait plus de succès en se rapprochant du fier ennemi païen, revient à la charge, épée en main. Le cruel païen, voyant qu'elle reste en selle, blasphème le ciel et les éléments. Elle, convaincue d'avoir brisé son bouclier, ne crie pas moins de colère contre le ciel. Tous deux ont maintenant des épées à la main et assènent de violents coups sur leurs armures enchantées. Qu'elles sont utiles ces armures enchantées en ce jour ! Les hauberts et les cottes de mailles sont si bien trempés qu'ils ne peuvent être entamés par l'épée ou la lance. Le combat aurait donc pu durer tout ce jour et le suivant, si Rodomont n'était pas intervenu. Il reproche à son rival de leur faire perdre du temps. « Si tu tiens absolument à te battre, lui dit-il, terminons le combat que nous avons commencé. » « Nous avons conclu une trêve, poursuit-il, afin de portée secours à notre armée. Nous ne devons entreprendre aucun autre combat avant d'avoir accompli cette mission. » Il se tourne ensuite vers Marphise et lui indique le messager envoyé par Bradamante, dont le message était de demander leur aide. Il la prie alors d'abandonner cette lutte ou de la différer pour venir avec eux au secours du fils du roi Trojan. Sa renommée y gagnerait plus qu'en poursuivant cette querelle sans fin qui pourrait contrecarrer une si noble intention. Marphise a toujours l'intention de tester, à l'épée ou à la lance, les chevaliers de Charles.