LIVRE DEUXIEME 57 av. J.-C. César était dans la Gaule citérieure et les légions avaient pris leurs quartiers d'hiver, ainsi que nous l'avons dit plus haut, quand le bruit lui parvint à maintes reprises, confirmé par une lettre de Labiénus, que tous les peuples de la Belgique, qui forme, comme on l'a vu, un tiers de la Gaule, conspiraient contre Rome et échangeaient des otages. Les motifs du complot étaient les suivants : d'abord, ils craignaient qu'une fois tout le reste de la Gaule pacifié nous ne menions contre eux nos troupes ; puis, un assez grand nombre de Gaulois les sollicitaient : les uns, de même qu'ils n'avaient pas voulu que les Germains s'attardassent en Gaule, supportaient mal de voir une armée romaine hiverner dans leur pays et s'y implanter ; les autres, en raison de la mobilité et de la légèreté de leur esprit, rêvaient de changer de maîtres ; ils recevaient aussi des avances de plusieurs personnages qui – le pouvoir se trouvant généralement en Gaule aux mains des puissants et des riches qui pouvaient acheter des hommes – arrivaient moins facilement à leurs fins sous notre dominations. 2. Ces rapports et cette lettre émurent César. Il leva deux légions nouvelles dans la Gaule citérieure et, au début de l'été, il envoya son légat Quintus Pédius les conduire dans la Gaule ultérieure. Lui-même rejoint l'armée dès qu'on commence à pouvoir faire du fourrage. Il charge les Sénons et les autres peuples gaulois qui étaient voisins des Belges de s'informer de ce qu'on fait chez eux et de l'en avertir. Ils furent tous unanimes à lui rapporter qu'on levait des troupes, qu'on opérait la concentration d'une armée. Alors il pensa qu'il ne fallait pas hésiter à prendre l'offensive. Après avoir fait des provisions de blé, il lève le camp et en quinze jours environ arrive aux frontières de la Belgique. - 36 -