9. César, mis au courant par Crassus, ordonne qu'en l'attendant – car il était loin – on construise des navires de guerre sur la Loire, fleuve qui se jette dans l'Océan, qu'on lève des rameurs dans la province et qu'on se procure des matelots et des pilotes. On y pourvoit avec promptitude, et lui-même, dès que la saison le lui permit, se rend à l'armée. Les Vénètes, ainsi que les autres peuples, quand ils apprennent l'arrivée de César, comme d'ailleurs ils se rendaient compte de la gravité de leur crime, – n'avaient-ils pas retenu et chargé de fers des ambassadeurs, titre que toutes les nations ont toujours regardé comme sacré et inviolable ? – font des préparatifs de guerre proportionnés à un si grand péril, et pourvoient principalement à l'équipement de leurs navires ; leurs espoirs étaient d'autant plus forts que la nature du pays leur inspirait beaucoup de confiance. Ils savaient que les chemins de terre étaient coupés à marée haute par des baies, que l'ignorance des lieux et le petit nombre des ports nous rendaient la navigation difficile, et ils pensaient que nos armées, à cause du manque de blé, ne pourraient pas demeurer longtemps chez eux ; à supposer d'ailleurs que tout trompât leur attente, ils n'ignoraient pas la supériorité de leur marine, ils se rendaient compte que les Romains manquaient de vaisseaux, que dans le pays où ils devaient faire la guerre rades, ports, îles leur étaient inconnus, enfin que c'était tout autre chose de naviguer sur une mer fermée ou sur l'Océan immense et sans limites. Leurs résolutions prises, ils fortifient les villes, y entassent les moissons, assemblent en Vénétie, où chacun pensait que César ouvrirait les hostilités, une flotte aussi nombreuse que possible. Ils s'assurent pour cette guerre l'alliance des Osismes, des Lexovii, des Namnètes, des Ambiliates, des Morins, des Diablintes, des Ménapes ; ils demandent du secours à la Bretagne, qui est située en face de ces contrées. 10. On vient de voir quelles étaient les difficultés de cette guerre ; et cependant plusieurs raisons poussaient César à l'entreprendre : des chevaliers romains retenus au mépris du droit, une révolte après soumission, la trahison quand on avait livré des otages, tant de cités coalisées, et surtout la crainte que s'il négligeait de punir ces peuples les autres ne se crussent - 58 -