nous procurer du blé et des vivres, et de traîner les choses jusqu'à l'hiver : quand ils nous auraient vaincus, ou qu'ils nous auraient interdit le retour, personne, pensaient-ils, n'oserait plus passer en Bretagne pour y porter la guerre. Ayant donc renoué leur coalition, ils se mirent à quitter peu à peu le camp et à rappeler en secret les hommes qu'ils avaient renvoyés aux champs. 31. César n'était pas encore au courant de leurs projets ; mais, après ce qui était arrivé à sa flotte, et en voyant les Bretons interrompre leurs livraisons d'otages, il se doutait de ce qui allait se produire. Aussi prenait-il des précautions pour parer à tout événement. Chaque jour il faisait apporter du blé de la campagne dans le camp ; le bois et le bronze des vaisseaux qui avaient le plus souffert étaient employés à réparer les autres, et il faisait venir du continent ce qu'il fallait pour ces travaux. De la sorte, les soldats s'y employant avec la plus grande ardeur, César arriva, avec une perte de douze navires, à ce que les autres fussent en état de bien naviguer. 32. Sur ces entrefaites, comme, selon l'habitude, une légion – c'était la septième – avait été envoyée au blé, et sans que rien jusque-là se fût produit qui pût faire craindre des hostilités, une partie des Bretons restant aux champs, d'autres même fréquentant notre camp, les gardes qui étaient en avant des portes annoncèrent à César qu'un nuage de poussière d'une grosseur insolite se voyait du côté où était partie la légion. César – et il ne se trompait point – soupçonna quelque surprise des Barbares il prit avec lui, pour aller de ce côté, les cohortes qui étaient aux postes de garde, et ordonna que deux de celles qui restaient en fissent la relève, tandis que les autres s'armeraient et le suivraient sans retard. S'étant avancé à quelque distance du camp, il vit que les siens étaient pressés par l'ennemi et se défendaient péniblement la légion formait une masse compacte sur laquelle les traits pleuvaient de toutes parts. Comme, en effet, le blé avait été coupé partout, sauf en un endroit, l'ennemi, soupçonnant que nous y viendrions, s'était caché la nuit dans des bois ; puis, tandis que nos hommes étaient dispersés, sans armes, et occupés à moissonner, ils les avaient assaillis soudainement, en avaient tué - 84 -