LIVRE CINQUIÈME 54 av. J.-C. 1. Sous le consulat de Lucius Domitius et d'Appius Claudius, César, quittant ses quartiers d'hiver pour aller en Italie, comme il avait accoutumé de faire chaque année, ordonne à ses légats, qu'il avait mis à la tête des légions, de faire construire pendant l'hiver le plus grand nombre de vaisseaux possible et de faire réparer les anciens. Il indique quelles doivent en être les dimensions et la forme. Pour la rapidité du chargement et la facilité de la mise à sec, il les fait un peu plus bas que ceux dont nous avons coutume d'user sur notre mer, d'autant qu'il avait observé que les vagues, par suite du flux et du reflux, étaient moins hautes ; à cause des charges et du grand nombre de chevaux et bêtes de somme qu'ils devaient transporter, il leur donne une largeur un peu supérieure à celle des bâtiments dont nous nous servons sur les autres mers. Il ordonne qu'ils soient tous du type léger, à voiles et à rames, disposition que facilite beaucoup leur faible hauteur. Ce qui est nécessaire à leur armement, il le fait venir d'Espagne. Puis, ayant achevé de tenir ses assises dans la Gaule citérieure, il part pour l'Illyricum, sur la nouvelle que les Pirustes désolaient par leurs incursions les confins de la province. Dès son arrivée, il ordonne aux cités de lever des troupes et leur fixe un point de rassemblement. Quand ils apprennent la chose, les Pirustes lui envoient des députés pour lui dire que la nation n'est pour rien dans ce qui s'est passé, et se déclarent prêts à fournir toutes les satisfactions qu'il exigera. Après les avoir entendus, César leur ordonne de lui livrer des otages et fixe le jour de la remise : en cas de manquement, ce sera la guerre. On les amène au jour dit, selon ses ordres ; il nomme des arbitres pour estimer les dommages subis par chaque cité et en fixer la réparation. 2. Ayant réglé cette affaire et tenu ses assises, il retourne dans la Gaule citérieure, et de là, part pour l'armée. Dès son arrivée, il visite tous les quartiers d'hiver et trouve tout équipés, grâce à l'activité singulière des troupes, alors qu'on manquait de tout, - 88 -