« Il n'avait pas l'habitude de naviguer et redoutait la mer ; il était retenu par des devoirs religieux. » Quand il vit qu'il se heurtait à un refus catégorique, n'ayant plus aucun espoir de succès, il se mit à intriguer auprès des chefs gaulois, leur faisant peur, les prenant chacun à part et les exhortant à rester sur le continent : « Ce n'était pas sans raison, disait-il, qu'on enlevait à la Gaule toute sa noblesse : le projet de César, qui n'osait pas la massacrer sous les yeux des Gaulois, était de la transporter en Bretagne pour l'y faire périr. » Aux autres, Dumnorix jurait et faisait jurer qu'ils exécuteraient d'un commun accord ce qu'ils croiraient utile aux intérêts de la Gaule. Bien des gens dénonçaient ces menées à César. 7. Lorsqu'il connut cette situation, sa pensée fut la suivante : en raison du rang où il plaçait la nation héduenne, tout tenter pour retenir Dumnorix et le détourner de ses desseins ; mais comme, d'autre part, l'égarement du personnage ne faisait, visiblement, que croître, prendre ses précautions pour qu'il ne pût être un danger ni pour lui, ni pour l'État. En conséquence, ayant été retenu au port environ vingt-cinq jours par le chorus, vent qui souffle le plus souvent, en toute saison, sur ces côtes, il s'appliqua à garder Dumnorix dans le devoir, sans pour cela négliger de se tenir au courant de tous les plans qu'il formait ; enfin, profitant d'un vent favorable, il donne aux fantassins et aux cavaliers l'ordre d'embarquer. Mais, tandis que cette opération occupait l'attention de tous, Dumnorix quitta le camp, à l'insu de César, avec la cavalerie héduenne, et prit le chemin de son pays. Quand il apprend la chose, César suspend le départ et, toute affaire cessante, envoie une grande partie de la cavalerie à sa poursuite, avec ordre de le ramener ; s'il résiste, s'il refuse d'obéir, il commande qu'on le tue, car il n'attendait rien de sensé, loin de sa présence, d'un homme qui lui avait désobéi en face. Dumnorix, sommé de revenir, résiste, met l'épée à la main, supplie les siens de faire leur devoir, répétant à grands cris qu'il est libre et appartient à un peuple libre. Conformément aux ordres, on l'entoure et on le tue ; quant aux cavaliers héduens, tous reviennent auprès de César. - 91 -