Nos ancêtres ont toujours choisi de combattre franchement, où le plus courageux triomphe, plutôt que de recourir à la ruse et la tromperie. Il devrait donc se méfier : les lieux où ils se sont arrêtés pourraient bien prendre un nouveau nom suite à une défaite romaine et à la destruction de son armée, ou transmettre la mémoire de cela. César a répondu comme suit : "Je n'hésite pas sur la conduite à tenir, les événements que les ambassadeurs helvétiens ont rappelés sont encore frais dans ma mémoire. Ce qui me dérange le plus, c'est que le peuple romain est moins responsable de ce qui s'est passé. Si nous avions conscience d'avoir commis une quelconque injustice, il n'aurait pas été difficile pour nous de prendre des mesures préventives; mais ce qui nous a trompé, c'est que nous ne voyions rien dans notre comportement qui aurait pu nous faire craindre une telle situation, et nous ne pensions pas que nous devions avoir peur sans raison. Même si nous étions prêts à oublier l'ancienne humiliation, comment pourrions-nous oublier leurs nouvelles insultes ? Leur tentative de franchir de force la province dont l'accès leur a été refusé, leur violence envers les Éduens, les Ambarres, les Allobroges... Comment pourrions-nous oublier cela ? Leur fierté insolente suite à leur victoire renforce plus que jamais notre détermination. Les dieux immortels, en effet, ont la coutume de donner une chance, un délai d'impunité, aux hommes qu'ils souhaitent punir pour leurs crimes, afin de leur faire sentir encore plus durement les revers de la fortune. Cependant, si les Helvètes me donnent des otages comme garantie qu'ils respecteront leurs promesses, et si les Éduens sont dédommagés pour les torts que eux et leurs alliés ont subis, si les Allobroges obtenus également réparation, je suis prêt à faire la paix." Divico a répondu que « chez les Helvètes, ils ont une tradition héritée de leurs ancêtres : ils reçoivent des otages, ils n'en donnent pas ; le peuple romain pouvait en témoigner ». Sur ce, il a quitté l'endroit. Le lendemain, les Helvètes ont levé leur camp. César a fait de même, envoyant sa cavalerie, environ quatre mille hommes qu'il avait rassemblés dans toute la province et parmi les Éduens et leurs alliés, pour surveiller la direction prise par l'ennemi. Ils ont poursuivi avec trop d'enthousiasme.