"César ne voulait pas que ce prétexte soit utilisé pour empêcher la rencontre. Cependant, il ne voulait pas non plus se fier à la cavalerie gauloise pour sa protection. Il a donc décidé de désarçonner tous les cavaliers gaulois et de confier leurs chevaux aux légionnaires de la dixième légion, en qui il avait la plus grande confiance. De cette façon, il aurait une garde aussi dévouée que possible si besoin. Un légionnaire de la dixième légion a commenté de manière amusante que « César fait plus qu'il n'a promis : il avait promis d'utiliser ses hommes comme des gardes du corps, et il en a fait des cavaliers. » Une grande plaine était dominée par une colline, à peu près à égale distance entre le camp d'Arioviste et celui de César. C'est là que les deux chefs se sont rencontrés conformément à leur accord. César a fait arrêter sa légion montée à deux cents pas de la colline ; les cavaliers d'Arioviste se sont arrêtés à la même distance. Arioviste a demandé que la rencontre se fasse à cheval et que chacun amène dix hommes. Quand ils sont arrivés sur le lieu de la rencontre, César a commencé par rappeler à Arioviste ses bienfaits et ceux du Sénat, le titre de roi que cette assemblée lui avait décerné, ainsi que les riches présents qu'il lui avait prodigués. Il a expliqué que peu de princes avaient reçu de telles distinctions et qu'elles étaient généralement accordées pour des services éminents. Arioviste, qui n'avait aucun titre pour prétendre à de telles distinctions, les avait reçues uniquement grâce à la bienveillance et à la générosité de César et du Sénat. César a également rappelé à Arioviste l'ancienne et légitime amitié qui liait les Héduens aux Romains, leurs nombreux sénatus-consultes rendus en faveur des Héduens, et comment les Héduens avaient toujours été les leaders de la Gaule, même avant qu'ils ne cherchent l'amitié de Rome. Il est d'usage pour les Romains de vouloir que leurs alliés et leurs amis non seulement ne soient pas affaiblis, mais qu'ils voient au contraire leur influence, leur considération et leur dignité augmenter. César s'est interrogé : qui pourrait tolérer que leur statut soit remis en cause maintenant qu'ils sont devenus amis de Rome?"