Les Helvètes sont géographiquement encerclés : d'un côté par le large et profond Rhin, qui sépare leur territoire de la Germanie, de l'autre par la chaîne montagneuse élevée du Jura, les isolant des Séquanes, et enfin par le lac Léman et le Rhône, qui marquent la frontière avec notre province. Cette configuration territoriale limite leurs possibilités d'expansion et d'attaques contre leurs voisins, une situation frustrante pour ce peuple avide de conflits. De plus, ils jugent que l'étendue de leur territoire, soit deux cent quarante milles en longueur et cent quatre-vingts en largeur, ne correspond pas à leur population, à leur gloire militaire et à leur réputation de bravoure. Pour ces raisons, et sous la direction d'Orgétorix, ils décidèrent de préparer leur migration : ils commencèrent à acheter le plus de bêtes de somme et de chariots possible, à semer toutes les terres cultivables pour assurer leur approvisionnement en grains durant leur voyage, et à conclure des alliances de paix et d'amitié avec les peuples voisins. Ils estimaient que deux ans seraient suffisants pour réaliser ce projet et fixèrent le départ à la troisième année. Orgétorix fut désigné pour diriger cette entreprise et il prit en charge les ambassades. Durant ses voyages, il persuada Casticos, fils de Catamantaloédis et Séquane, dont le père avait été longtemps roi dans son pays et avait reçu le titre d'ami du Sénat romain, de reprendre le pouvoir que possédait autrefois son père. Il réussit également à convaincre l'Héduen Dumnorix, frère de Diviciacos, très populaire et influent dans son peuple, de tenter la même aventure. Il lui donna même sa fille en mariage. Il leur soutient qu'il est tout à fait possible de réussir ces projets, étant donné qu'il est lui-même sur le point d'obtenir le pouvoir suprême dans son pays. Selon lui, il ne fait aucun doute que les Helvètes sont le peuple le plus puissant de toute la Gaule. Il promet de mettre à leur service ses ressources et son armée pour les aider à accéder au pouvoir. Ces paroles les séduisent et les trois hommes scellent un serment, rêvant de devenir rois, conscients du potentiel que leurs peuples réunis pourraient détenir.