Trois peuples, parmi les plus puissants et les plus robustes, seront en mesure d'envahir toute la Gaule. Une dénonciation a révélé aux Helvètes cette conspiration. Selon la coutume du pays, Orgétorix était contraint de défendre son cas enchaîné. S'il était déclaré coupable, la punition attendue était le supplice du feu. Au jour déterminé pour son procès, Orgétorix rassembla tous ses partisans, environ dix mille hommes, devant le tribunal. Il convoqua également tous ses clients et débiteurs, nombreux, et grâce à leur assistance, il put échapper à l'obligation de témoigner. Cet acte suscita la colère de ses compatriotes, qui cherchaient à obtenir justice par la force. Les magistrats levèrent un grand nombre d'hommes dans la campagne. Durant cette période, Orgétorix décéda. Les Helvètes soupçonnent qu'il a pu mettre fin à ses propres jours. Malgré sa mort, les Helvètes persistèrent dans leur projet initial de quitter leur pays. Lorsqu'ils se sentirent prêts, ils incendièrent toutes leurs villes - il y en avait une douzaine - leurs villages - environ quatre cents - et les maisons isolées. Tous les blés qu'ils ne pouvaient pas emporter furent brûlés : en renonçant à l'idée d'un retour possible, ils étaient plus disposés à affronter tous les risques qui les attendaient. Chacun devrait transporter de la farine pour trois mois. Ils persuadèrent les Rauraques, les Tulinges et les Latobices, leurs voisins, de faire de même : de brûler leurs villes et leurs villages et de se joindre à eux. Enfin, les Boïens, qui s'étaient initialement établis au-delà du Rhin, venaient de passer en Norique et assiégeaient Noréia. Ils devinrent leurs alliés et se joignirent à eux. Il existait deux chemins principaux permettant de quitter leur pays. L'un traversait le territoire des Séquanes : étroit et difficile, il était coincé entre le Jura et le Rhône, et les chariots ne pouvaient passer qu'un à la fois. De plus, une montagne très haute surplombait la route, rendant un barrage facile à mettre en place par un petit nombre d'hommes. L'autre chemin passait par notre région.