Sachant que les Gaulois aiment le changement et sont toujours prêts à partir en guerre, et que l'amour de la liberté et la haine de la servitude sont des sentiments naturels chez tous les hommes, il a pensé qu'il devrait diviser et disperser son armée sur un territoire plus large avant que la coalition ne se renforce. Par conséquent, il a envoyé son légat Titus Labiénus avec la cavalerie chez les Trévires, une tribu voisine du Rhin. Il lui a donné pour mission d'entrer en contact avec les Rèmes et les autres Belges et de les maintenir fidèles, de bloquer l'entrée aux Germains, que les Gaulois, disait-on, avaient appelé à leur aide, s'ils tentaient de forcer le passage du fleuve avec leurs bateaux. Il charge également Publius Crassus de partir pour l'Aquitaine avec douze cohortes légionnaires et une importante cavalerie, afin d'empêcher les peuples de cette région d'envoyer des secours aux Gaulois et que ces deux grandes nations ne s'unissent. Le légat Quintus Titurius Sabinus est envoyé avec trois légions chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexovii, afin de contenir leurs troupes. Il donne au jeune Décimus Brutus le commandement de la flotte et des navires gaulois qu'il avait fait fournir par les Pictons et les Santons et par les autres territoires pacifiés, avec l'ordre de partir dès que possible pour les Vénètes. Quant à lui, il se dirige vers ces derniers avec l'infanterie. En général, les villes de cette région étaient situées à l'extrême bout de bandes de terre et de promontoires, de telle manière qu'elles ne pouvaient être approchées à pied pendant la marée haute, qui se produit régulièrement toutes les douze heures. Par ailleurs, elles n'étaient pas plus accessibles aux navires car à marée basse, ceux-ci risquaient de s'échouer sur les bancs de sable. Double obstacle pour les assiégés. Et si jamais, par un immense travail de construction de terrassements et de digues qui contiendraient la mer et s'élèveraient à la hauteur des remparts, on amenait les assiégés à croire qu'ils étaient perdus, ils lançaient une nombreuse flotte - car ils avaient beaucoup de navires - transportaient tous leurs biens et se retiraient dans les villes voisines. Là, ils retrouvaient les mêmes défenses naturelles. Une telle manœuvre se reproduit régulièrement.