La région était bien plus accessible et commode à parcourir, du fait que le territoire helvète et celui des Allobroges, récemment conquis, étaient séparés par le Rhône, un fleuve qui offre de nombreux gués. La ville la plus proche de l'Helvétie est Genève, située à l'extrémité du territoire des Allobroges. Un pont relie cette ville à l'Helvétie. Les Helvètes espéraient obtenir libre passage des Allobroges, supposant que ces derniers n'étaient pas encore bien disposés envers Rome. En cas de refus, ils seraient forcés de prendre par la force. Lorsque tous les préparatifs de départ furent terminés, une date fut fixée pour leur rassemblement sur les rives du Rhône. Ce jour était le 5 avril, sous le consulat de Lucius Pison et d'Aulus Gabinius. César, apprenant qu'ils avaient l'intention de traverser notre province, se hâta de quitter Rome, se dirigea rapidement vers la Gaule transalpine et se rendit à Genève. Il ordonna de recruter autant de soldats que possible dans toute la province (il y avait en tout une légion en Gaule transalpine) et fit détruire le pont de Genève. À l'annonce de son arrivée, les Helvètes lui envoyèrent une délégation composée des plus grands dignitaires de l'État, dirigée par Namméios et Verucloétios. Ils devaient transmettre ce message : « Les Helvètes ont l'intention de passer à travers la province, sans causer de dommages, parce qu'ils n'ont pas d'autre chemin à disposition. Ils demandent la permission de traverser. » César, se souvenant que les Helvètes avaient tué le consul L. Cassius, battu et mis en déroute son armée, pensait qu'il ne devait pas accéder à leur demande. Il estimait qu'il ne serait pas possible pour des hommes hostiles de traverser la province sans causer de dommages. Cependant, afin de gagner du temps pour réunir les troupes qu'il avait ordonnées, il répondit aux envoyés qu'il avait besoin de temps pour réfléchir : « Si vous avez une demande à formuler, revenez au milieu du mois d'avril. » Pendant ce temps, il utilisa la légion qu'il avait et les soldats venus de la province pour construire, sur une distance de dix-neuf miles, depuis le lac Léman, qui déverse ses eaux dans le Rhône.