Des positions stratégiques faisaient barrage à l'avancée des envahisseurs. Ces derniers, malgré diverses tentatives, ne parvenaient à forcer le passage, faute de navires, ni à le franchir en secret, en raison de la surveillance des Ménapes. Prétendant se retirer, ils firent trois journées de marche en sens inverse avant de refaire la même distance en une seule nuit. Leur cavalerie prit alors par surprise les Ménapes qui, croyant les Germains repartis, avaient franchi sans crainte le Rhin pour retourner dans leurs villages. Les Germains massacrèrent les Ménapes, s'emparèrent de leurs navires et traversèrent le fleuve avant même que la nouvelle n'atteigne la rive opposée. Ils occupèrent toutes leurs habitations et subsistèrent avec leurs provisions pour le reste de l'hiver. César, informé de ces événements, et craignant l'instabilité des Gaulois, toujours enclin à changer d'avis et à être séduits par la nouveauté, pensa qu'il ne devrait rien attendre d'eux. En effet, les Gaulois avaient pour habitude d'interroger les voyageurs, même contre leur gré, sur ce qu'ils savent ou ont entendu dire ; dans les villes, la foule entourait les marchands pour les questionner sur leur pays d'origine et ce qu'ils y avaient appris. Sous l'effet de l'émotion provoquée par ces nouvelles ou ces rumeurs, ils prenaient souvent des décisions hâtives qu'ils regrettaient par la suite, accueillant sans discernement des informations non confirmées, la plupart de leurs informateurs leur donnant simplement les réponses qu'ils souhaitaient entendre. Conscient de ces habitudes, et ne voulant pas se retrouver face à une guerre particulièrement difficile, César décida de partir pour l'armée plus tôt que d'habitude. À son arrivée, il découvrit que ses craintes s'étaient concrétisées : nombre de cités avaient envoyé des ambassades aux Germains, les invitant à ne pas se contenter de la rive du Rhin et promettant de répondre à tous leurs besoins. Séduits par ces promesses, les Germains avançaient encore et étaient arrivés sur les territoires des Eburons et des Condruses, des alliés des Trévires. César, après avoir convoqué les chefs gaulois, jugea préférable...