Évaluer la direction du courant. Les Helvètes étaient en train de le traverser avec l'aide de radeaux et de bateaux assemblés. Quand César apprit par ses éclaireurs que déjà les trois quarts de leurs troupes avaient traversé la rivière et qu'il restait environ un quart de l'armée sur la rive gauche, il partit de son camp pendant la troisième veille avec trois légions et rejoignit ceux qui n'avaient pas encore traversé. Ces derniers, embarrassés par leurs bagages et sans s'attendre à une attaque, furent en grande partie défaits par César. Le reste chercha à fuir et se cacha dans les forêts voisines. Il s'agissait du peuple des Tigurins, un des quatre cantons helvètes. Ceux-ci, ayant quitté seuls leur pays au temps de nos ancêtres, avaient tué le consul L. Cassius et fait passer son armée sous le joug. Ainsi, par le hasard ou le dessein des dieux, la partie du peuple Helvète qui avait causé un grand désastre aux Romains fut la première à être punie. Ce jour-là, César n'a pas seulement vengé son pays, mais aussi sa famille. L. Pison, son beau-père, avait été tué par les Tigurins lors du même conflit où Cassius avait perdu la vie. Après cette bataille, César fit construire un pont sur la Saône afin de poursuivre le reste de l'armée helvète. Il réussit à la surprendre et à les effrayer, passant la rivière en un jour, alors qu'ils avaient mis vingt jours à le faire. Ils lui envoyèrent une ambassade, dirigée par Divico, qui avait commandé les Helvètes dans la guerre contre Cassius. Il dit à César: "Si le peuple romain faisait la paix avec les Helvètes, ceux-ci iraient où César le voudrait et s'établiraient à l'endroit de son choix. Mais s'il persistait à les traiter en ennemis, il ne devait pas oublier les problèmes passés avec les Romains et la longue tradition guerrière des Helvètes. Il avait attaqué de manière inattendue une partie des troupes, alors que ceux qui avaient déjà traversé la rivière ne pouvaient pas aider leurs frères. Il ne devait pas sous-estimer sa valeur ni mépriser ses adversaires. Ils avaient appris de leurs ancêtres à combattre et à résister."