8. Après avoir conclu cette affaire, César laissa Labiénus sur le continent avec trois légions et deux mille cavaliers. Ceux-ci devaient garder les ports, s'occuper de l'approvisionnement en blé, surveiller les évolutions en Gaule et prendre les décisions requises en fonction des circonstances. De son côté, César, muni de cinq légions et autant de cavaliers qu'il avait laissé sur le continent, mit les voiles au coucher du soleil. Au début, une légère brise du sud-ouest le propulsait mais peu avant minuit, le vent tomba. Il ne put maintenir son cap et fut dévié par le courant de la marée. Quand le jour se leva, il aperçut la Bretagne à sa gauche, qu'il avait manquée. Il suivit alors le courant qui avait changé de direction et rassembla tout le monde pour ramer vers l'endroit qu'il avait identifié, l'été précédent, comme étant propice à un débarquement. Nos soldats furent remarquables. Avec leurs navires de transport lourdement chargés, ils réussirent, en ramant sans relâche, à aller aussi vite que les premiers bateaux. On atteignit la Bretagne vers midi, sans voir d'ennemi. Comme César l'apprendra plus tard de prisonniers, des groupes importante s'y étaient réunis et, effrayés par la vue de tant de vaisseaux (plus de 800), avaient quitté le rivage pour aller se cacher sur les hauteurs. 9. César fit débarquer ses troupes et choisit un emplacement adapté pour son camp. Lorsqu'il apprit, par le biais de prisonniers, où l'ennemi s'était installé, il laissa près de la mer dix cohortes et trois cents cavaliers pour garder les navires. Avant la fin de la troisième veille, il partit combattre l'ennemi. Il n'était pas particulièrement inquiet pour sa flotte qu'il avait laissé à l'ancre sur une plage douce et plane. Il donna le commandement du détachement et de la flotte à Quintus Atrius. Après une marche de nuit d'environ douze milles, il arriva en vue de l'ennemi. Celui-ci avança vers le fleuve avec sa cavalerie et ses chars depuis une position dominante, essayant de barrer le passage à César et engagea le combat. Repoussés par nos cavaliers, les Barbares se réfugièrent dans les bois où ils trouvèrent une position remarquablement fortifiée.