Le Grand Cyrus, première partie Le château était suffisamment spacieux pour y loger plus de cent mille combattants. Le roi était à peine descendu de cheval qu'Artamene le conduisit dans le plus beau appartement du château. Dès qu'ils furent seuls dans le cabinet, le roi demanda à Artamene : "Eh bien, mon cher Artamene, avez-vous une nouvelle plus étrange que celle que je connais déjà ?". Artamene était bien préparé à cette question, mais il fut quand même surpris. Seul avec le roi, il lui raconta le naufrage de la princesse, tout en essayant de retenir ses larmes. "Ces larmes, qu'ont-elles à me dire, Artamene ?" s'écria le roi, "Auriez-vous à m'annoncer la mort de ma fille ?" Artamene confirma alors à Ciaxare le naufrage de Mandane, une nouvelle qui décupla la douleur du roi. En voyant le roi pleurer, Artamene se laissa submerger par ses propres larmes. Sa douleur était telle qu'elle en était pitoyable. Il n'essayait pas de consoler le roi, maïs pourtant, les pleurs d'Artamene semblèrent apporter une certaine consolation à Ciaxare. "Y a t-il déjà eu un prince plus affligé que moi ? "dit le roi, "Ne devrais-je pas prévoir mon malheur ? Les oracles avaient prédit à Astiage que son sceptre passerait entre des mains étrangères. Cela n'impliquait-il pas la perte inévitable de ma fille unique ?" Il continua, convaincu que sa fille n'était plus en vie et qu'il ne pouvait plus espérer. Mais il ajouta que son innocent petit enfant ne resterait pas sans vengeance. "Comme le roi d'Assyrie est la cause de l'extinction de la race de Dejoce, je dois éteindre la sienne", exprima t-il avant de rejeter toute objection d'Artamene. Artamene essaya d'apaiser le roi, mais sans grand succès. Même si le roi reconnaissait la loyauté d'Artamene, il lui reprochait inexplicablement d'avoir laissé le roi d'Assyrie s'échapper. Après avoir quitté artamene, le roi parla de son affliction aux autres princes et chefs qui avaient rejoint le château. Artamène, à son tour, reçu les uns après les autres les princes qui considéraient Artamène comme leur protecteur et leur maître, plutôt que le roi qu'il servait. De son côté, le roi chercha à comprendre ce qui s'était passé avec le roi d'Assyrie et découvrit qu'Araspe, l'un des hommes les plus proches d'Artamène, avait été chargé de le surveiller. Cependant, parmi ceux qui étaient venus avec le roi, il y avait un ami proche d'Aribée qui, apprenant sa mort, en voulait beaucoup à Artamène.