Le Grand Cyrus Partie 1 Tournant vers Chrisante, il s'écria : "Si le prince, à la tête de cent mille hommes, décidait de la sacrifier sous mes yeux, je ne serais pas si désespéré. Au moins, j'aurais un ennemi à attaquer, même si je ne pourrais pas le vaincre. Mais ici, je n'ai d'autre choix que de me jeter dans ces mêmes flammes qui ont déjà consumé ma princesse." En disant cela, il avançait encore davantage. Après un moment de silence, il s'écria soudainement à l'attention de Chrisante : "Suis-je responsable de la mort de ma princesse ? Est-ce par amour pour moi qu'elle a enflammé cette ville, plutôt que de trahir le malheureux Artamene ? Si c'est le cas, je mérite mon malheur ; et je mérite tous les malheurs que je ressens." Chrisante, voyant qu'il avait cessé de parler, s'approcha de lui, tentant de lui apporter un léger réconfort. Cependant, Artamene continuait d'avancer, le regardant avec une expression qui donnerait de la compassion aux plus insensibles. "Non, non, lui dit-il, Chrisante, ce malheur n'est pas de ceux dont on peut être consolé. Je n'ai qu'une solution à suivre, que je prendrai sans doute très bientôt. Oui, Chrisante, j'aurai au moins cette triste consolation. Le feu qui a peut-être brûlé ma maîtresse et mon rival, qui a confondu l'innocence et le crime et qui m'a privé à la fois de l'objet de ma haine et de celui de mon amour, finira de me détruire. Il mélangera au moins mes cendres avec celles de mon adorable princesse". En prononçant ces mots, il sembla avoir les traits d'un désespoir imminent sur le visage. Sa voix avait une tonalité triste et sinistre, et tous ses gestes témoignaient qu'il se préparait à mourir. Cependant, avec l'apparition du jour et l'approche du soleil, la scène de ce cataclysme changea quelque peu. Feraulas remarqua presque en même temps deux choses qu'il fit remarquer à son cher maître. "Seigneur, lui dit-il, voyez-vous en mer une galère qui s'éloigne avec effort de cette malheureuse ville ? Et voyez-vous aussi l'effort que l'on fait pour éteindre le feu qui menace cette grosse tour située au-dessus du portail du château ?" Je vois l'un et l'autre," répondit Artamene; "Je ne sais," ajouta Chrisante, "si ce n'est pas une assurance que la princesse n'a pas encore disparu : elle pourrait être dans cette galère, ou dans cette tour, que les flammes n'ont pas encore embrasée." Artamene s'exclama soudainement : "Si c'était le cas, comme je serais heureux de pouvoir conserver un peu d'espoir ! Il s'approcha alors beaucoup plus près de la ville, et voyant effectivement qu'il y avait plusieurs personnes qui essayaient d'empêcher le feu d'approcher cette tour ; "Travaille, trop heureux rival, travaille pour le salut de notre princesse : et sois assuré que si tu peux la sauver de ce péril, je te pardonnerai tous les maux que tu m'as faits."" Un moment après, regardant cette galère et remarquant des femmes à la poupe, il fut rempli de joie. Puis il pensa que quand même ce serait sa maîtresse, elle serait toujours perdue pour lui ; et il replongea dans son désespoir. Après avoir considéré cette tour, entourée de toutes parts par la mer et les flammes, et pensant que peut-être sa princesse était enfermée là, il changea soudainement de sentiment. Et ces mêmes troupes, qui étaient venues pour détruire cette ville, reçurent l'ordre d'aider à éteindre le feu. Artamene ne pouvait se décider à rebrousser chemin et envoya Feraulas donner l'ordre à ses hommes de le suivre en hâte.